Santé & Technique

LE CHIPPING GRIP INVERSÉ

Utilisé depuis longtemps par Vijay Singh et Chris Couch, le grip inversé au chipping a
bénéficié d’un regain de visibilité grâce aux performances de Matthew Fitzpatrick,
vainqueur de l’US Open 2022, et de nos golfeurs tricolores Matthieu Pavon et
Ugo Coussaud. Examinons les avantages de cette prise en main alternative qui pourrait
bien vous aider à passer un cap dans votre petit jeu.

Le grip inversé, c’est quoi exactement ?
Comme son nom l’indique, le grip « inversé » est un grip dont la position des mains est inversée par rapport à une prise traditionnelle. Pour un droitier, la main gauche vient se placer sous la main droite, en grip baseball (les deux mains sont séparées), en interlock (l’annulaire de la main gauche et l’index de la main droite se croisent) ou en Vardon (l’annulaire de la main gauche chevauche l’espace entre l’index et le majeur de la main droite). Pour le reste, le placement de la balle est le même que d’habitude, et la répartition du poids sollicite principalement la jambe avant, comme pour un chip classique.

Ré-gu-la-ri-té
Le principal avantage de ce style de chipping est d’assurer un contact de balle régulier. En grip inversé, la main dominante (la main droite pour un droitier) est bridée, le bras droit aide seulement à propulser le club, sans interférer avec la face du club. Pour cette raison, le grip inversé convient donc tout particulièrement aux joueurs dont le plaisir du jeu est menacé par des grattes et des tops intempestifs. Cette recherche de régularité est d’ailleurs ce qui a poussé Matthew Fitzpatrick à adopter depuis 2020 une prise inversée au chipping. « Je me trouve plus constant », déclarait-il à ce propos en 2022 au PGA Tour. « La balle sort de la face de manière beaucoup plus régulière. C’est la même chose à chaque fois, vous savez ce qui va arriver. Quand je chippais normalement, je n’avais pas de yips, je manquais simplement de régularité dans la frappe et le relâchement […] Cette technique m’aide à faire sortir la tête du club et j’ai l’impression de mieux la contrôler. »

Le grip le plus logique
Si Matthew Fitzpatrick est si régulier au chipping, c’est que le grip inversé est en réalité le grip le plus logique d’un point de vue mécanique. En positionnant la balle de façon plus ou moins centrée gauche, l’utilisation d’un grip classique main droite aura pour effet de provoquer un abaissement de l’épaule droite. Une telle position favorise un axe de frappe remontant avec un haut du corps qui bascule à droite à l’impact. En armant trop, on obtient un angle d’attaque très vertical, ce qui réduit grandement la zone de frappe et ne laisse aucune marge pour venir au contact de la balle. À l’inverse, le grip inversé favorise une position alignée des épaules. En donnant la priorité du contrôle au côté gauche, il élimine le risque d’armer les poignets et permet un angle d’attaque tangentiel. La zone de frappe s’en trouve ainsi agrandie et il devient plus facile de swinger à travers la balle. Autrement dit, tout mauvais réflexe de vouloir « soulever » la balle est neutralisé ; il suffit de laisser faire le loft du club en s’assurant
simplement d’un contact club/sol correct.

Vous avez dit yips ?
De nombreux joueurs souffrant de yips (spasmes musculaires incontrôlables) aux
chipping ont repris confiance grâce à une prise inversée. Les cas les plus connus sont
ceux de Matthieu Pavon et de Ugo Coussaud, pour qui passer la main gauche en bas se
présentait comme la dernière solution avant de devoir tirer un trait sur leur rêve européen.
« Chaque fois que j’avais un chip à jouer, peut-être sept ou huit fois sur dix, je faisais une
gratte ou un top… J’avais totalement perdu confiance en mes mains », confiait le
bordelais à L’Équipe en 2018. « En m’entraînant à chipper à une main, j’ai trouvé cette
solution : l’inversion de ma prise sur le grip. À partir de ce moment-là, je n’ai plus jamais
eu un seul petit spasme ou un seul mauvais contact. »
Pour Ugo Coussaud, l’expérience est similaire. « Dès que je faisais un mauvais chip, ma
confiance repartait à zéro. J’étais pas loin de baisser les bras », expliquait-il à Golf
Régions en mars dernier. « Le fait de mettre la main gauche en bas m’a redonné de l’air et
m’a enlevé la peur d’aller jouer au golf, la peur de ne pas me retrouver avec mon chip.
C’est la raison pour laquelle j’ai repris du plaisir. […] Au niveau de la régularité des contacts et des trajectoires de balles, la main gauche en dessous sur tous les petits chips, c’est la technique la plus qualitative pour moi. Et même pour les amateurs, quand on peut l’utiliser, c’est le mieux. »

Transposable presque partout
La technique peut se révéler efficace quel que soit le club joué, du sandwedge à un fer plus fermé. Il n’est pas rare, par exemple, que Matthieu Pavon utilise une prise inversée pour un fer 9 roulé. Pas non plus de règle concernant la distance. Matthew Fitzpatrick et Matthieu Pavon exécutent tous leurs chips classiques avec les mains inversées, jusqu’à 30 m pour le premier et 50 m pour le second, quand Ugo Coussaud limite son utilisation aux chips courts. Deux exceptions cependant. Le type de lie à son importance car le grip inversé n’est pas aussi efficace qu’un grip classique lorsqu’il est nécessaire de mettre beaucoup de vitesse et générer un spin élevé – l’armement des poignets étant l’élément principal de création de vitesse de la tête de club. C’est le cas pour les sorties de bunker et les lob shots qui nécessitent de revenir à un grip standard. Dans le rough en revanche, aucun souci pour jouer en grip inversé, même si la balle ne sera pas aussi facile à jouer que sur le fairway.