C’est en pleine préparation du SDC Championship en Afrique du Sud que Ugo Coussaud revient pour nous sur ses débuts réussis sur le DP World Tour. L’occasion de retracer son ascension spectaculaire, depuis ses premiers pas au Golf de l’Hirondelle jusqu’au sommet de l’élite européenne.
Golf Régions : Félicitations pour votre début de saison et pour cette deuxième place au Commercial Bank Qatar Masters à Doha.
Ugo Coussaud : Merci.
G.R. : Dommage que vous ayez manqué de panache sur le 18.
U.C. : [Rires] À chacun son panache.
G.R. : Quand on vous regarde à la télé, c’est un peu comme quand on joue à la PlayStation. On se dit que vous auriez pu tout simplement prendre le Bois 3 et la mettre au drapeau pour faire Eagle. On en oublie les enjeux et la difficulté d’un tel coup.
U.C. : Bien sûr. J’ai deux coups de retard, le trou est difficilement attaquable en deux. On en a parlé avec mon caddie, on a évoqué les deux options qui sont sur un Par 5, jouer le lay-up ou attaquer le green en deux. On s’est rendu compte que c’était très loin : 270 mètres pour le drapeau. Je n’ai pas très bien tapé la balle cette journée-là donc je ne me sentais pas de taper ce coup de bois 3. On y a pensé cinq secondes avec Seb et voilà, ça s’est arrêté là. Il faut être dans le moment présent. Il faut être lucide sur ses capacités, tout en sachant qu’on peut faire aussi des birdies en faisant des wedge-putt. J’en ai fait un paquet cette semaine-là, j’ai donc fait ce choix. Ça a payé et m’a permis de finir seul deuxième. Je perds d’un coup mais il y aura d’autres occasions.
MÊME SI JE SUIS ROOKIE, J’AI 31 ANS ET ÇA RESTE UN TOUR COMME UN AUTRE. »
G.R. : Pour un rookie, l’objectif est aussi de garder sa carte. Savez-vous ce qu’il vous faut encore comme résultat pour garder votre carte l’année prochaine ?
U.C. : Je pense que je ne suis pas loin. Un nouveau système de points a été mis en place cette année, je pense que je suis à 30, 40 points. C’était donc important de pouvoir se donner une opportunité de faire birdie pour finir deuxième.
G.R. : Vous projetez de participer à combien de tournois cette saison ?
U.C. : 25, 27, ça va dépendre des qualifications pour les Majeurs.
G.R. : Vous venez de passer du Challenge Tour au DP World Tour, qu’est-ce qui a changé dans votre organisation, dans votre encadrement ?
U.C. : Je n’ai rien changé depuis l’an dernier parce que j’ai une équipe qui est super complète et qui tourne bien, je suis très content avec eux. Donc je n’ai rien ajouté à mon staff, sauf peut- être un physio à moyen terme.
G.R. : Et d’un point de vue technique ?
U.C. : Même si je suis rookie, j’ai 31 ans et ça reste un tour comme un autre. Il faut s’adapter, mais il faut vite rentrer dedans et ne pas regarder les autres joueurs trop longtemps. Les parcours me permettent d’être plus à l’aise, même si cette semaine c’est plutôt étroit et compliqué sur les mises en jeu. Sinon les parcours sont relativement larges, un peu plus longs, de très bonne qualité au niveau de l’entretien. Les zones d’entraînement sont aussi meilleures.
G.R. : C’est peut-être plus adapté à votre jeu que les parcours du Challenge Tour. Pour rappel, vous êtes l’un des joueur qui fait partie des plus puissants du Tour.
U.C. : Il y a toujours plus puissant, mais je suis dans la moyenne haute.
G.R. : Vous avez toujours été un joueur puissant ?
U.C. : Oui, j’ai toujours tapé fort. J’ai l’avantage d’être grand donc ça aide. C’est quelque chose qu’on travaille toujours dans le swing. Ce sont des petits détails, continuer d’essayer de gratter un mètre ou deux de temps en temps, c’est comme ça qu’on avance. Mais ce n’est pas foncièrement la première chose que je recherche.
G.R. : Vous avez gagné en masse musculaire depuis 3-4 ans. Avec qui avez-vous travaillé et de quelle manière ?
U.C. : J’ai beaucoup bossé à la salle et j’ai beaucoup mangé. Je travaille avec Robert Froissard, un préparateur qui était dans le rugby, qui fait un peu de golf maintenant, et qui est très, très compétent. Pendant le deuxième confinement, j’ai passé un mois à la salle, ce qui m’a permis de gagner 4 à 5 kilos. Je les perds petit à petit, mais ça m’a permis d’avoir une super base musculaire.
G.R. : Et comment ça se passe pendant la saison ?
U.C. : Je vais à la salle tous les jours mais je fais des séances plus courtes en tournoi de 30 à 45 minutes. Cela me permet de ne pas avoir trop de courbatures et de ne pas générer trop de fatigue en tournoi. Lors de mes semaines de break je fais à peu près quatre séances par semaine, et cinq séances par semaine quand je suis en tournoi.
G.R. : Que faites-vous quotidiennement pour prévenir les blessures ?
U.C. : Je fais un réveil musculaire de 20 minutes tous les matins avant d’aller jouer. Je fais
des étirements ainsi que de la mobilité en dynamique. Et enfin un peu d’étirements le soir si je ressens une fatigue musculaire. Pour la récup, j’utilise des bottes de compression et je vais voir les physios du Tour. C’est nécessaire d’être très bien physiquement pour être en forme sur le parcours en compétition.
À L’ENTRAÎNEMENT, JE PASSE UN TIERS DE MON TEMPS SUR LE PUTTING GREEN. »
G.R. : Le golfeur moyen est toujours sidéré par la puissance et la frappe de balle des joueurs pro, alors que leur grande force c’est le petit jeu. Le putting représente quel pourcentage de votre temps passé à l’entraînement ?
U.C. : Quand je vais jouer, forcément, je passe beaucoup de temps sur le parcours, mais quand je ne fais que de l’entraînement, je passe un tiers de mon temps sur le putting green où je fais très peu de technique parce que depuis le temps c’est assez rodé et surtout ça change très peu. Je fais attention à mon adresse et à ce que les bases ne bougent pas, mais je passe beaucoup de temps à travailler ma visée et à travailler ma lecture de pente avec la technique AimPoint.
G.R. : AimPoint ?
Le principe est de sentir le pourcentage de pente avec ses pieds. Puis, grâce au calibrage qui est fait au niveau de la vitesse du green, je sais combien de centimètres je dois jouer d’un côté ou de l’autre du trou. C’est une technique qui demande beaucoup d’entraînement.
G.R. : J’aimerais maintenant aborder un peu votre histoire. Arcangues est votre golf d’attachement professionnel mais vous venez d’Angoulême, c’est là-bas que vous avez grandi et commencé le golf ?
U.C. : Oui, tout à fait, j’ai fait toutes mes classes à Angoulême. J’ai vraiment commencé le golf avec Guy Peña, et ensuite avec Yohan Laggoune qui m’a entraîné de 12 ans jusqu’à mes 20 ans.
G.R. : À Angoulême, le golf c’est une histoire de famille chez les Coussaud.
U.C. : À l’époque mon père était bien intégré dans les équipes, certainement parce que ça lui plaisait et parce que j’étais là aussi. On avait une super équipe et ça nous a permis de jouer la finale de la Gounouilhou en 2013. Depuis peu, ma maman est devenue présidente du club. Ça lui plaît, il y a plein de choses à faire et j’ai l’impression que ça se passe bien.
G.R. : Il paraît que vous êtes un grand amateur de vin ?
U.C. : Oui, j’adore ça, c’est un retour à la terre que je trouve super intéressant. Voir que le travail des vignerons et des agriculteurs se retrouve dans un verre, qu’on puisse en profiter, que ça change tous les ans et qu’ils s’adaptent en fonction des aléas climatiques. Je trouve que c’est un beau métier. Il y a de belles valeurs que je partage. Et puis, j’ai une appétence pour le vin donc oui, clairement, c’est une passion.
G.R. : Si Ugo Coussaud vous sert un petit coup de blanc à l’apéro, qu’est- ce qu’il va ouvrir comme bouteille ?
U.C. : Il ouvrirait une petite bouteille de Chenin, peut-être un petit Pierre Ménard, un vin d’Anjou. Ça me plaît bien en ce moment. Ou une bouteille de Riesling. Il y a un peu de tout chez moi. J’ai récemment bu un petit Bourgogne Aligoté de Pierre Boisson. C’était très bon.
SUR LE TOUR, ON EST NOMBREUX À JOUER AU PADEL ÇA PERMET DE SE CHANGER LES IDÉES. »
G.R. : Et sinon, vous pratiquez d’autres sports en dehors du golf ?
U.C. : Pas mal de padel. C’est un bon complément au golf, je trouve. C’est un sport sympa où on ne risque pas trop de se blesser. D’ailleurs sur le Tour on est nombreux à jouer au padel. Ça permet de se changer les idées.
G.R. : Vous avez pris des cours de padel. Ça vous plaît d’être l’élève dans un sport que vous ne maîtrisez pas ?
U.C. : Oui, c’est marrant de se retrouver à zéro, c’est rigolo de repasser à ce niveau-là.
G.R. : Une dernière question, c’est une bonne situation golfeur ?
U.C. : [Rires] Ça dépend des jours, mais c’est sûr que ce n’est pas la plus à plaindre.
Articles relatifs
